270 REGISTRES

duquel estoient deulx grands stillobates, portans de plan en saillie deulx colonnes de dix huict piedz de hault, representant le marbre mixte, faictes de sculptures frizées, canelées et rudentées, striées jusques à la tierce partie, et aornées de leurs vases et chappi-teaulx feinctz de marbre blanc, enrichies de feuillages, carloches et rosaces. Les sousbassementz tant dedans que dehors estoient rempliz de fifres, tabou-rins, enseignes, arcs traictz. morions, pistolles et aultres armes feintes de bronze, qui y donnoit fort bon lustre. Par dessus les chappiteaux de ces colonnes, regnoient l'architrave, frize et corniche en leurs mesures esgallement, selon led. ordre Corinthien, dont l'architrave de la corniche representoit le marbre gris et la frize ung feuillage d'or eslevé sur ung fond d'es-mail de couleur d'azur, si industrieusement faict qu'il n'y avoit celluy de bon jugement qui ne s'arrestast pour le considerer.

Sur la clef de chacune face estoient les armoiries de France, couronnées et entourées de chappeaulx de Iriumphe, le tout de sculpture, qui donnoient grand ornement à cest ouvraige.

Pardessus ceste corniche estoit ung susbassement, au milieu du hault duquel, pour la memoire de deffunct très victorieux Roy Henry, estoit ungvase à l'antique, lequel sembloit estre tiré dans le ciel par le bec et griffes d'ung aigle estant au dessus. Lequel vase estoit poussé par dessoubz et eslevé desespaules et mains des petitz enfans royaulx, sur lequel estoit un cœur royal couronné, demonstrant les cendres de ce bon feu Roy enfermées en icelluy, et le corps humain estre translatté en essence immortelle, comme il est signiffié par l'aigle, oyseau dedié à Juppiter, vollant plus près des cieux que nul aultre, où sc sont efforcez le pousser lesd, petitz enffans royaulx, representans sa posterité ou ses heritiers par tous honorables moyens, lant de sumptueuses sepultures que très charitable pieté, en memoire d'icelluy. Et à l'entour estoit escript :

ÉPPÎKOï ÀnOÔÉDSIS.

Et soubz lesd, enffans :

ÔABIOS OSTE ©ANON TÔNON EtSEBÉON AlnE TÉK-

DU BUREAU [i5₇i]

Pour signiffier que :

Les hommes sont heureux

Et EN LEURS MORTZ'⁵' LOUABLES,

Qui LAISSENT APRÈS EUX

Des ENFFANS PITOYABLES. [B]

Dc telle façon usoient les Romains aux obseques de l'empereur Severe, pour monstrer qu'il estoit mis et receu au nombre des Dieux.

Au dessoubz de ceste urne et en commémoration du grand Françoys, son ayeul, lequel restaura les bonnes lettres, estoit ung tableau representant le bronze, auquel estoit dépeint ung Cadinus semant des dentz en terre d'ung dragon qu'il avoit tué; et ce d'aultant que le Roy Françoys de son temps tua le dragon, qui est l'ignorance, et planta en France les bonnes lettres, tant hébraïques, grecques que latines, représentées parles dentz du dragon semées.

Au costé dextre de lad. urne, estoit la figure d'ung prince couronné, representant le feu Roy Henry, estant entre deux colonnes, sous l'une desquelles estoient plusieurs livres fermez à grosses boucles, et ung élephant, et soubz l'aultre ung grand œil en forme de soleil rayonnant; l'une signifliant la Religion catholicque par lesd, livres fermez, ausquelz sont contenuz les sainctz misteres qui ne se doibvent communicquer aisément au peuple, et par l'éléphant la reverance que nous devons avoir à la religion; et l'aultre, la Justice par le soleil rayonnant qui estoit au dessoubz, qui signiffié l'œil de Dieu, lequel jour et nuict nous regarde, comme dict Orphée en ses hymnes :

O hs §6q7<7i Aaot> Û7rà (jxoXtrjs oÏTSfmaXiv iÔvvovoi.

C'est à dire "ceulx cjui font bonne ou mauvaise justice au peuple n, ce que Homère a confirmé, disant :

AiÔS èxhlKOV o'ftfAŒ,

"l'œil de Dieu est justiciers.

Par lesquelles deux coulonnes le feu Roy Henry, son pere, et ses predecesseurs Roys se sont mainte-nuz ; et aussy sans telz appuiz ung royaulme ne peult prospérer, ne longtemps durer; que, à leur exemple,

^(l> Ces deux vers grecs sont du Registre B; le Registre A ne donne que la première lettre de chacun. Il en est de même pour les autres vers grecs que l'on rencontrera dans la suite de ces descriptions. ⁽³⁾ Var. -meurs:. (B).



	270 REGISTRES duquel estoient deulx grands stillobates, portans de plan en saillie deulx colonnes de dix huict piedz de hault, representant le marbre mixte, faictes de sculptures frizées, canelées et rudentées, striées jusques à la tierce partie, et aornées de leurs vases et chappi-teaulx feinctz de marbre blanc, enrichies de feuillages, carloches et rosaces. Les sousbassementz tant dedans que dehors estoient rempliz de fifres, tabou-rins, enseignes, arcs traictz. morions, pistolles et aultres armes feintes de bronze, qui y donnoit fort bon lustre. Par dessus les chappiteaux de ces colonnes, regnoient l'architrave, frize et corniche en leurs mesures esgallement, selon led. ordre Corinthien, dont l'architrave de la corniche representoit le marbre gris et la frize ung feuillage d'or eslevé sur ung fond d'es-mail de couleur d'azur, si industrieusement faict qu'il n'y avoit celluy de bon jugement qui ne s'arrestast pour le considerer. Sur la clef de chacune face estoient les armoiries de France, couronnées et entourées de chappeaulx de Iriumphe, le tout de sculpture, qui donnoient grand ornement à cest ouvraige. Pardessus ceste corniche estoit ung susbassement, au milieu du hault duquel, pour la memoire de deffunct très victorieux Roy Henry, estoit ungvase à l'antique, lequel sembloit estre tiré dans le ciel par le bec et griffes d'ung aigle estant au dessus. Lequel vase estoit poussé par dessoubz et eslevé desespaules et mains des petitz enfans royaulx, sur lequel estoit un cœur royal couronné, demonstrant les cendres de ce bon feu Roy enfermées en icelluy, et le corps humain estre translatté en essence immortelle, comme il est signiffié par l'aigle, oyseau dedié à Juppiter, vollant plus près des cieux que nul aultre, où sc sont efforcez le pousser lesd, petitz enffans royaulx, representans sa posterité ou ses heritiers par tous honorables moyens, lant de sumptueuses sepultures que très charitable pieté, en memoire d'icelluy. Et à l'entour estoit escript : ÉPPÎKOï ÀnOÔÉDSIS. Et soubz lesd, enffans : ÔABIOS OSTE ©ANON TÔNON EtSEBÉON AlnE TÉK-	DU BUREAU [i5₇i] Pour signiffier que : Les hommes sont heureux Et EN LEURS MORTZ'⁵' LOUABLES, Qui LAISSENT APRÈS EUX Des ENFFANS PITOYABLES. [B] Dc telle façon usoient les Romains aux obseques de l'empereur Severe, pour monstrer qu'il estoit mis et receu au nombre des Dieux. Au dessoubz de ceste urne et en commémoration du grand Françoys, son ayeul, lequel restaura les bonnes lettres, estoit ung tableau representant le bronze, auquel estoit dépeint ung Cadinus semant des dentz en terre d'ung dragon qu'il avoit tué; et ce d'aultant que le Roy Françoys de son temps tua le dragon, qui est l'ignorance, et planta en France les bonnes lettres, tant hébraïques, grecques que latines, représentées parles dentz du dragon semées. Au costé dextre de lad. urne, estoit la figure d'ung prince couronné, representant le feu Roy Henry, estant entre deux colonnes, sous l'une desquelles estoient plusieurs livres fermez à grosses boucles, et ung élephant, et soubz l'aultre ung grand œil en forme de soleil rayonnant; l'une signifliant la Religion catholicque par lesd, livres fermez, ausquelz sont contenuz les sainctz misteres qui ne se doibvent communicquer aisément au peuple, et par l'éléphant la reverance que nous devons avoir à la religion; et l'aultre, la Justice par le soleil rayonnant qui estoit au dessoubz, qui signiffié l'œil de Dieu, lequel jour et nuict nous regarde, comme dict Orphée en ses hymnes : O hs §6q7<7i Aaot> Û7rà (jxoXtrjs oÏTSfmaXiv iÔvvovoi. C'est à dire "ceulx cjui font bonne ou mauvaise justice au peuple n, ce que Homère a confirmé, disant : AiÔS èxhlKOV o'ftfAŒ, "l'œil de Dieu est justiciers. Par lesquelles deux coulonnes le feu Roy Henry, son pere, et ses predecesseurs Roys se sont mainte-nuz ; et aussy sans telz appuiz ung royaulme ne peult prospérer, ne longtemps durer; que, à leur exemple,

	^(l> Ces deux vers grecs sont du Registre B; le Registre A ne donne que la première lettre de chacun. Il en est de même pour les autres vers grecs que l'on rencontrera dans la suite de ces descriptions. ⁽³⁾ Var. -meurs:. (B).